Ils n’ont pas 30 ans et ont déjà changé de métier !
Ils croyaient leur voie toute tracée, mais ont vite déchanté. Souvent par choix, parfois par contrainte, Camille, Laurette et Nicolas ont opté pour une reconversion professionnelle.
Ce vendredi, Laurette, 25 ans, sort d’un séminaire sur le droit social et la paie, dans la campagne lyonnaise. « On m’aurait dit cela il y a quelques années, jamais je ne l’aurais cru ! » La pimpante jeune femme fait partie de ces jeunes diplômés qui ont choisi une réorientation professionnelle en début de carrière. « Depuis le collège, je voulais être journaliste. J’ai toujours adoré le français, je suis une littéraire. »
Après plusieurs années passées dans des radios locales et journaux régionaux, la diplômée de l’IUT de journalisme de Lannion, une école pourtant reconnue par la profession, se questionne sur son avenir. « J’ai déménagé à Lyon pour suivre mon compagnon. Je lorgnais sur un CDI avec une bonne qualité de vie. Je ne voulais pas trimer pendant des années, travailler en soirée, les week-ends… pour un salaire de misère. »
Aujourd’hui, son poste de gestionnaire de paie lui rapporte 1.500 € net par mois. « Je cherchais un métier où il y avait des besoins, et où je serai sollicitée intellectuellement. C’était le cas de la gestion de paie », rapporte Laurette. Aujourd’hui, elle travaille de 9 h à 17 h, du lundi au vendredi et ses heures supplémentaires lui sont payées. Elle fait du karaté, du badminton, voit ses amis, part en voyage… « Et mon boulot me passionne et m’offre la qualité de vie que je souhaitais ! »
Se réorienter avant le premier emploi
L’Apec (Association pour l’emploi des cadres) a identifié cinq types de réorientation : choisie, stabilisatrice, salvatrice, opportune et continue. Nicolas, 24 ans, a choisi de réorienter son parcours avant même d’intégrer le marché du travail. « J’ai fait un bac S, sciences de l’ingénieur, puis je me suis inscrit en DUT sciences et génie des matériaux à Nîmes. Mon frère étant passé par une école d’ingénieurs, j’ai reproduit son parcours, par mimétisme. J’ai rejoint Polytech Annecy, mais je me suis vite rendu compte que la formation n’était pas faite pour moi, trop théorique, trop généraliste. Je me retrouvais avec des gens de prépa. On n’était pas dans des consignes du type : titres soulignés en rouge et sous-titres en vert, mais presque ! », sourit le jeune homme.
Il choisit alors de se recentrer sur le « produit » et, après quelques mois de petits boulots, opte pour une licence professionnelle design, matériaux et modélisation, en apprentissage chez Bel’m, un fabricant de portes d’entrée, installé en territoire nantais. En parallèle, Nicolas monte avec deux camarades de promo Volvert, une agence de sensibilisation au tri des déchets. « Vu mon profil, c’était compliqué de trouver une alternance. J’ai envoyé des dizaines de candidatures restées sans réponses avant de trouver mon entreprise. »
Laurette, qui s’est formée à l’IGS RH, à Lyon, en un an, a aussi vécu cela : « Une journaliste qui veut faire de la paie, ce n’était pas crédible. Les recruteurs craignaient que je me lasse vite. »
Pour Camille, 27 ans, ex-typographe, devenue assistante commerciale en gestion locative, les choses ont été plus faciles. « Après une période de chômage, Pôle emploi m’a proposé une formation de huit mois, dont trois mois de stage. Je suis passée de stagiaire à CDD, puis en CDI. Je suis au SMIC (1.300 € environ) mais j’ai la sécurité de l’emploi. »
Des recruteurs favorables mais prudents
Les recruteurs voient en général d’un bon œil les parcours de réorientation chez les jeunes, mais contrairement aux pays anglo-saxons qui laissent une vraie place à la reconversion, ils sont encore réticents quand il s’agit de les embaucher. « Les recruteurs ont besoin d’être sécurisés, ils doivent s’assurer que ces candidats peuvent répondre à leurs besoins. Mais ce sont des profils intéressants, complémentaires, qui amènent une diversité riche pour l’entreprise », défend Sandrine Monnier, adjointe au DRH chez Scania France.
L’employeur de Laurette a ainsi été séduit par son côté « atypique ». « J’avais aussi l’avantage d’être bonne en orthographe et de me débrouiller avec les chiffres, grâce à mon bac L, option maths », souligne la jeune femme.
Le soutien des proches : un coup de pouce précieux
Aujourd’hui Nicolas partage son temps entre Volvert, un poste de design manager à mi-temps chez The Insperience.co, et l’enseignement supérieur. « Je donne des cours de gestion de projet et d’innovation à l’IUT de Nîmes et à l’ISTIA à Angers. » Comme Camille et Laurette, il avait à cœur de recentrer ses ambitions vers des activités tournées vers l’humain.
« Après un bilan de compétences, je me suis rendue compte que j’étais faite pour les métiers de service. J’aime le contact avec les autres, je suis sociable, j’ai des qualités de gestion et je suis très carrée et organisée« , raconte Camille. Laurette s’enthousiasme aujourd’hui d’être devenue une partenaire privilégiée des entreprises.
Source : Article tiré de l’Etudiant – Émilie Weynants – Publié le http://www.letudiant.fr/metiers/ils-n-ont-pas-30-ans-et-ont-deja-change-de-metier.html